Les stratégies alternatives les plus courantes sont les suivantes:
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Se concentrer sur les zones géographiques les plus riches comme le fait l'ONG Conservation International
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Valoriser la capacité de l'espèce à générer des fonds
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Préférer les espèces dont la préservation permet celle d'une multitude d'autres espèces
Les critères alternatifs
L’IFAW (International Fund for Animal Welfare) ainsi qu’un certain nombre d’autres organisations de défense des animaux, donnent plutôt la priorité aux espèces parapluies. Le tigre, l’éléphant ou la baleine jouent un rôle important dans leur écosystème. Cette vision est résumée par le porte-parole de l’IFAW, Andreas Dinkelmeyer, pour qui ces animaux "font office de parrains". Les protéger, c’est aider de nombreuses autres espèces.
La stratégie de l'IFAW : les espèces parapluies
WWF s’attache quant à lui à d’autres critères. L'ONG s’efforce en particulier d’identifier et de protéger des espèces permettant d’assurer la stabilité d’écosystèmes importants pour l’homme. Par exemple, le corail permet de maintenir les barrières naturelles qui protègent les côtes habitées des inondations. Il est donc parmi les espèces considérées prioritaires par l’organisation. Ainsi que le souligne le directeur de la division protection des espèces du WWF : “Quand nous discutons des projets, nous nous demandons entre autres quelle est l’importance de tel écosystème pour l’homme.”
La stratégie de WWF : la stabilité des écosystèmes
La liste EDGE (Evolutionarily Distinct and Globally Endangered) est aussi très populaire. De fait, il existe d’ores et déjà des listes EDGE pour les mammifères, les amphibiens, les oiseaux et les coraux. L’idée de base de cette liste est que plus une espèce est particulière, plus sa disparition est une perte pour la biodiversité. A chaque espèce de la liste est attribuée une note selon sa singularité sur le plan évolutif, la rareté de ces caractères phylogénétiques et son niveau de danger d’extinction. On trouve donc dans le haut de la liste EDGE des espèces apparues il y a très longtemps, qui n’ont plus de parents proches et sont menacées de disparition. C’est le cas par exemple du kha-nyou, un rongeur du Laos apparu il y a quarante-quatre millions d’années. Des espèces telles que la salamandre géante de Chine ou le zaglossus brujini (échidné à bec courbe) en font partie. L’avantage de la liste EDGE est qu’elle permet d’attirer l’attention des organismes de protection des animaux sur des espèces rares, peu comprises, et qui sont souvent laissées à l’écart des politiques de conservation. Ainsi, les objectifs que se sont fixés les créateurs de la liste EDGE sont de faire émerger une prise de conscience de l’existence de ces espèces exceptionnelles du danger qu’elles encourent, d’inciter les pouvoirs publics et les ONG à lancer des projets de conservation de ces espèces et de mobilier les moyens nécessaires pour mener à bien les politiques de conservation des espèces EDGE. Cette liste présente la particularité de regrouper un nombre très important d’espèces qui suscitent la curiosité.
La liste EDGE
La responsabilité internationale
D’autres listes ont été créées à différentes échelles dans le but de dresser un tableau plus complet de l’état de la biodiversité. En effet, les critères de l'UICN tiennent compte uniquement du risque d'extinction, ce qui est souvent jugé insuffisant. Ainsi, deux autres listes importantes ont vu le jour : celle des espèces prioritaires au niveau national (espèces menacées et/ou pour lesquelles la nation a une responsabilité internationale) et celle des espèces prioritaires pour une conservation ciblée (espèces prioritaires au niveau national qui nécessitent en plus des mesures de conservation). Il est à noter que les espèces qui ont toujours été rares dans une zone géographique donnée sont exclues de la liste des espèces prioritaires au niveau national en raison de leur importance jugée marginale, bien qu’elles puissent être jugées en danger par la Liste Rouge.
Figure 1 : Les catégories de l'index de Singapour
Image disponible sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Index_de_Singapour
Le suivi de la biodiversité
Il existe différents jeux d'indicateurs utilisés à travers le monde pour mesurer et suivre l'état de la biodiversité (Convention sur la diversité biologique, schémas régionaux de cohérence écologique…). Certains sont créés dans le but de proposer une alternative à la Liste Rouge de manière à guider les politiques de conservation des espèces et à les rendre plus pertinentes. Par exemple, le Protocole d’Évaluation des Priorités (PEP) a été développé en vue d’établir une hiérarchie des espèces menacées qui tienne compte des chances de succès et des coûts d’une éventuelle intervention des pouvoirs publics qui viserait à les protéger. Ce protocole a été testé sur 32 espèces menacées et le nouveau classement établi a permis de sauver 16 espèces, alors qu’un classement suivant les critères de la Liste Rouge n’aurait permis d’en sauver que 11. Ces deux dernières années, ce protocole a gagné en popularité, notamment en Nouvelle-Zélande où le Département de la Conservation a utilisé le PEP pour déterminer les espèces à sauver en priorité parmi les 649 menacées.
D’autres indicateurs sont construits pour évaluer la biodiversité dans des zones géographiques spécifiques. C’est notamment le cas de l’indice de biodiversité urbaine, aussi appelé index de Singapour, qui comprend 25 indicateurs (détaillés sur la Figure 1) permettant d’évaluer la biodiversité urbaine. Les objectifs de cet index sont de dresser un portrait de la biodiversité des villes à travers le monde, de mesurer la situation de chacune des villes et de mettre en place des programmes de gestion de la biodiversité urbaine. Cet outil permet aussi une meilleure communication entre experts de diverses régions du monde.
La salamandre géante de Chine
Le zaglossus brujini
Toutefois, certaines espèces considérées comme en danger par l’UICN et la plupart des autres organismes de défense de l’environnement sont absentes de la liste EDGE. C’est le cas des éléphants, dont la population se limite pourtant à 250000 individus, ou des lions dont la population sur le continent africain est passée de 200 000 au milieu du XXème siècle à 20000 environ aujourd’hui, d’après un article d’octobre 2015 paru dans le Monde Biodiversité. La raison en est que les lions par exemple, s’apparentent aux tigres, aux pumas ou aux guépards, ce qui en fait des espèces qui n’ont pas leur place parmi les espèces prioritaires de la liste EDGE.
La catégorisation d’une espèce en temps qu’espèce porte drapeau contribue à canaliser l’attention sur cette dernière. Pour que cette stratégie soit efficace, les espèces doivent présenter un intérêt pour les écosystèmes locaux. C’est pour cela qu’elle sont souvent choisies parmi les espèces parapluie ou parmis les espèce clé de voute. Un exemple bien connue d’espèce porte drapeau est le panda géant qui est sur le logo de WWF. On peut aussi ajouter le Trige de Bengale et l’Elephant d’Afrique.
L'utilisation des espèces porte drapeau
Une autre stratégie consiste à prioriser les espèces dont la disparition engendrerait des mauvaises conséquences pour le reste de l’écosystème. Le caractère clé de voute ne dépend pas des effectifs de l’espèce mais plutôt de l’influence qu’elle a sur son habitat. Ainsi par exemple, l’Osmis Cornuta, en tant que pollinisateur est responsable de la reproduction de plusieurs plantes qui elles même sont nécessaires à l’alimentation de plusieurs espèces. Donc l’Osmia Cornuta peut être considéré comme espèce clé de voute.